Les espaces de faible densité

Concepts de la pensée géographique : organisation de l’espace ; gestion de l’espace
Concept géographiques : espace rural
Notions : Déprise rurale ; déprise agricole ; rural isolé ; néo-ruraux ; espace de faible densité ; périurbain
Documents : ci-dessous

Documents espaces de faible densité Télécharger

Les représentations sociales

Les représentations sociales se centrent sur la ruralité. Au début de la séquence, on pose la question aux élèves simplement :

qu’est-ce que pour vous l’espace rural ?

Les représentations sociales se centrent sur la ruralité. Au début de la séquence, on pose la question aux élèves simplement : qu’est-ce que pour vous l’espace rural ? Les représentations des élèves tournent autour de la notion de manque (de commerces notamment ou de centre de loisirs), de l’éloignement et lié à l’activité agricole historique. L’espace rural apparaît comme synonyme de campagne. De nombreux élèves répondent « il n’y a rien à faire » ; « pas de loisirs » ; pas de « 5G » ; « c’est loin » ; « les temps de déplacement sont long » ; « il y a des champs ».

Analyses des représentations et point sur la question

Les élèves perçoivent sans doute l’espace rural par rapport à leur vie quotidienne d’urbain. En fonction du contexte d’enseignement (urbain ou espace rural) les représentations sociales peuvent varier. Toutefois, elles ne sont pas éloignées des représentations véhiculées par l’expression « la diagonale du vide » repris un temps par la DATAR, des romans ou la géographie scolaire¹ Or, les recherches en géographie insistent désormais davantage sur la richesse de ces espaces loin d’une vision passéiste de l’espace rural malgré des densités faibles. Ils ont ainsi montré que certains de ces espaces ruraux ont réussi à attirer de nouveaux habitants (la plupart retraités) et que les faibles densités ne se concentraient pas seulement dans cette diagonale. La réalité est plus complexe que la représentation figée de « diagonale du vide ». Cette réalité échappe en partie aux élèves quand ils soulignent le manque de magasin ou d’espace de loisirs (en zone commerciale).

L’utilisation des aires urbaines, pour décrire la nouvelle réalité urbaine de la France, par l’INSEE, a eu aussi comme conséquence de définir l’espace rural par rapport à la ville. Ainsi, si on se réfère à ces chiffres l’espace rural concerne environ 5-6 % de la population française contre un peu plus de 30 % si on se réfère à la densité². Aussi, la disparition du terme rural, par l’INSEE, a été vu par un géographe comme « un meurtre géographique »³. C’est le point de départ de la situation problème.

Enjeux et attendus

L’enjeu de la situation problème est donc double. Il s’agit de définir ce qu’est l’espace rural (par rapport à la ville ou alors depuis l’espace rural lui-même) et de montrer la diversité de ces espaces en France.

Cette situation problème a fait naître de nombreux débats et ouverts des questionnements ainsi que des réponses différentes. La dernière phase s’est donc attachée à élaborer un texte commun.

Mise en œuvre

Dans une première phase, le professeur met en scène la mission de départ. Avant la mise au travail, on peut éventuellement demander aux élèves ce que recherche des enquêteurs pour les guider dans le travail (en fonction du contexte d’enseignement). Les élèves sont interpellés par la situation, ce qui est une source de questionnement utile pour entrer dans les documents soit de la phase 1 ou 2. Ensuite, la classe est divisée en deux où chaque partie reçoit deux documents différents, sur lesquels ils travaillent seul quelques minutes, puis vient la mise en groupe. Les nouvelles réflexions et interrogations sont notées dans le cahier, le professeur peut aussi les consigner pour les élèves qui n’oseraient pas les soumettre au groupe classe.

Lors de la deuxième phase, les élèves présentent leur première découverte au groupe classe. Cette phase est scénarisée par un président du tribunal (le professeur), éventuellement la présence de juges (quelques élèves volontaires) et une disposition particulière de la salle (dès l’entrée des élèves pour les mettre dans l’activité). Le professeur ouvre la séance. Les élèves échangent des arguments et avancent des hypothèses (voir encadrée ci-dessous). Le professeur ou plusieurs élèves peuvent noter ces hypothèses. Le professeur peut relancer le débat, affiner des argumentaires ou demander la reformulation pour dynamiser/relancer le débat.

Les élèves partent à nouveau en recherche dans une troisième phase pour vérifier les arguments et hypothèses de la phase 2. Pour cela, deux missions sont distribuées (l’une sur les espaces ruraux attractifs et l’autre sur les espaces ruraux en déprise). Certains groupes d’élèves se sont emparés des documents en validant ou infirmant des hypothèses de la phase 2 ou en observant d’autres éléments sans nécessairement lire la mission de cette phase. Elle plutôt là pour guider les élèves au besoin. Le professeur peut rappeler les hypothèses en début de séance si les deux phases ne se suivent pas. La variété des documents permet une différenciation. Le professeur peut indiquer aux élèves de se concentrer d’abord sur un document de leur choix pour étudier les suivants ensuite.

Une dernière phase se met en place avec la mise en commun des propositions des élèves. Le professeur demande la reformulation, la précision du vocabulaire et la localisation des espaces ruraux cités par les élèves. Il repose la question de départ. Individuellement, les élèves rédigent une synthèse en s’appuyant sur leur travail personnel, de groupe et la mise en commun. Cette partie de rédaction peut être compliquée mais elle est facilitée par la situation. Enfin, le professeur insiste sur des notions ou des espaces que les élèves auraient oubliés. Il insiste sur la pluralité des espaces ruraux qui sont habités d’une manière différente qu’ils se trouvent à proximité des aires urbaines ou éloignés. Des liens peuvent donc être fait avec le chapitre sur les aires urbaines (notamment concernant le périurbain) ou le chapitre sur les espaces productifs.

Phases SP	Organisation	Mission
Phase 1
	Découverte de la situation problème et distribution des documents (classe découpée en 2)	Inimaginable ! Alors que certains médias aiment se délecter des faits divers criminels, un meurtre est passé sous silence, celui de la France « rurale ». Aucun procureur ne s’est manifesté et pourtant, élucider ce meurtre est facile. Heureusement, vous êtes là vous allez pouvoir élucider ce meurtre. Après avoir mené votre enquête, vous présenterez vos conclusions devant le tribunal.
Phase 2
	Scénarisation du procès	Président du tribunal : professeur Accusation : carte des aires urbaines Défense : carte des faibles densités Notez les questions des élèves au tableau Faire noter un rapport intermédiaire aux élèves
Phase 3
	Etude de deux missions documentaires (un sur les espaces ruraux dynamiques / un autre sur les espaces ruraux en difficultés)	1. Poursuivez votre enquête avec ce dossier documentaire. Expliquez les difficultés des espaces ruraux. Localisez les espaces en difficultés. 2. Poursuivez votre enquête avec ce dossier documentaire. Expliquez les dynamiques des espaces ruraux en France. Localisez les espaces dynamiques.
Phase 4
	Discussion à partir des interrogations des élèves et de leurs nouvelles découvertes.	Présentez vos découvertes à la classe.
	Puis rédaction d’un texte	Rédigez un texte à partir de vos recherches qui réponde à la question de départ : la France rurale est-elle morte ?

Déroulement de la SP

Exemples de travaux d’élèves

Certains élèves se sont questionnés dès la première phase sur les termes employés (meurtre) qui ne pouvait être utilisé que pour désigner une disparition physique et non d’un espace. Certains ont repris leurs connaissances acquises au cours de leur scolarité pour évoquer l’étalement urbain comme responsable de la disparition de l’espace rural. D’autres se sont interrogés sur la temporalité. La France n’est pas encore morte mais elle pourrait le devenir notamment si les services publics continuaient à disparaître (faisant sans doute écho aux difficultés qu’ils rencontrent dans leur quartier populaire). Enfin, pour d’autres élèves elle n’était pas morte car des habitants y étaient bien présents. Ces différents élèves se retrouvent dans les hypothèses nombreuses de la phase 2. Elles témoignent d’une réflexion géographique.

Enfin les travaux des élèves montrent une argumentation et un raisonnement. Ils reprennent ainsi les différents arguments (la démographie; les services publics, l’accessibilité) pour démontrer des difficultés des espaces ruraux en essayant de localiser les difficultés (photo 1). Le premier travail témoigne, certes, d’une argumentation mais fait peu apparaître les campagnes dynamiques et conservent une vision déclinante des espaces ruraux. D’autres reprennent la métaphore de la situation initiale en argumentant sur les difficultés des espaces ruraux mais aussi ceux qui sont attractifs en faisant un effort de localisation (photo 2 ou 3).

Arguments et questionnements pendant le débat (remis au propre et organisés par l’enseignant)

– La France urbaine a tué la France rurale, car la population rurale a diminué, elle s’est déplacée vers les villes. Mais quelle preuve que la France urbaine a tué la campagne ?
– Les habitants qui quittent la campagne, ils ont des raisons de le faire. La ville attire plus que la campagne. Les entreprises sont davantage en zone urbaine. Les entrepôts sont plus en zone rurale, car ils ont besoin de place. Il y a plus d’actif en ville car les déplacements en campagne sont très longs. – — Les retraités sont plus en zone rurale.
– La campagne n’a pas disparu, toujours vivante du point de vue de la nature et de la verdure mais pas d’un point de vue démographique (les habitants y sont moins nombreux, mais il reste des habitants). La campagne est encore très présente dans le sud, centre, Grand Est.
– La baisse des habitants en zone rurale va la faire disparaître progressivement.
– Est-ce que la campagne pourrait regagner des habitants ?

Évaluation possible

On peut envisager une évaluation de cette situation problème à partir d’un texte avec les questions suivantes:

Comment le tourisme peut-il rendre attractif les espaces ruraux?
Quelles sont les difficultés des certains ruraux en France? (3 éléments attendus)
Pourquoi certains espaces ruraux sont-ils en difficultés? (2 éléments)

Magali Reghezza-Zitt, géographe, La France dans ses territoires, 2017 (Armand Colin).

Les territoires ruraux sont désormais considérés comme « espaces de nature et d’authentique », c’est-à-dire où la nature aurait été préservée de l’artificialisation de la civilisation urbaine. Ce renversement des représentations entraîne en particulier le développement du « tourisme vert » et se traduit par la multiplication des résidences secondaires et des hébergements en gîtes ruraux ou à la ferme, par la création d’infrastructures légères (sentiers de randonnée, écomusées, etc.). La mise en tourisme permet aussi le maintien ou le développement d’autres activités : artisanat, productions agricoles, etc. Si les territoires situés à proximité des grandes villes ou des villes moyennes bénéficient d’un accès convenable aux services élémentaires, en particulier aux services publics, les territoires les plus isolés souffrent d’un déficit de services de plus en plus préoccupant, notamment lorsque les populations sont âgées et ou en situation de précarité économique et sociale. L’accès aux soins, qui s’exprime à travers l’expression de « désert médical », à l’éducation, à la culture, à l’administration et même aux services du quotidien (alimentation, bureau de poste, etc.) est de plus en plus difficile dans certains territoires peu ou très peu denses situés à l’écart des aires urbaines et des liaisons rapides.