Né en 1715, mort en 1780.
Abbé mondain, encore que « sincère », dit (sincèrement ?) mais sans mondanité, le dictionnaire Quillet de 1957. En 1740, il fait la connaissance de Jean-Jacques Rousseau, dont il devint l’ami. En effet, Condillac et Rousseau sont tous les deux précepteurs, le premier de l’Infant Don Ferdinand de Parme entre 1757 et 1768, le second des deux fils de Jean Bonnot de Mably, frère aîné de Condillac.
Le texte qu’on va lire est extrait de son ouvrage intitulé « La Logique ou les premiers développements de l’art de penser », datant de 1780.
…. Les enfants sont déterminés par leurs besoins à être observateurs et analystes : ils ont, dans leurs facultés naissantes, de quoi être l’un et l’autre ; ils le font même, en quelque sorte, forcément, tant que la nature les conduit seule. Mais aussitôt que nous commençons à les conduire nous-mêmes, nous leur interdisons toute observation et toute analyse. Nous supposons qu’ils ne raisonnent pas, parce que nous ne savons pas raisonner avec eux ; et en attendant un âge de raison, qui commençait sans nous, et que nous retardons de tout notre pouvoir, nous les condamnons à ne juger que d’après nos opinions, nos préjugés et nos erreurs.
Il faut donc qu’ils soient sans esprit, ou qu’ils n’aient qu’un esprit faux. Si quelques-uns se distinguent, c’est qu’ils ont dans leur conformation assez d’énergie pour vaincre tôt ou tard les obstacles que nous mettons au développement de leurs talents : les autres sont des plantes que nous avons mutilées jusques dans la racine, et qui meurent stériles.
Cours d’étude pour l’instruction du Duc de Parme
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