Réussir en histoire et géographie


Réussir dans ma classe – 5 changements-clefs en histoire et géographie
Dalongeville, A. et Ethier, M.A. (2020). Chronique sociale


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Un constat
5 propositions

Nombreux sont les enseignants qui sont en souffrance dans leur classe, avec une impression d’échec, le sentiment de ne pas y arriver. Au bout de quelques années, il devient difficile de supporter les écarts entre les buts qu’on s’était fixés en rentrant dans la salle de classe et les résultats qu’on a obtenus. cela use à la longue.

5 changements clefs qui peuvent être effectués tout de suite, séparément si l’enseignant veut prendre son temps, qui peuvent s’enchaîner.
Pas de porte étroite ! Ces changements ne sont pas réservés à des pédagogues chevronnés.
Pas non plus de bouleversements complets à opérer du jour au lendemain, il y faudrait une formation initiale et continuée à la hauteur : elle n’existe pas en France hélas !
Donc, un changement l’un après l’autre : un par an par exemple.
Attendre d’être en confiance pour en entamer un autre. S’appuyer sur le sentiment de réussite pour oser un second changement…
Cinq expériences pour découvrir que, mis bout à bout, ces 5 changements forment les ingrédients essentiels d’une situation-problème !

Changement 1
S’intéresser aux représentations des élèves

Côté enseignant
Se donner les moyens de savoir ce que les élèves ont comme conceptions qui peuvent être autant d’obstacles à la construction des savoirs. Se doter d’un outil pour comprendre pourquoi ils ne comprennent pas. Ne plus concevoir son travail comme visant à remplir des vides, des lacunes, à combler des manques. Car vouloir combler l ́écart qui existe entre ses propres connaissances et celles des élèves est une tâche sans fin. Cela peut s’avérer déprimant à la longue et ce n’est pas le but de l’enseignement ! Prendre conscience que les concepts sont au coeur des représentations et qu’il est facile de centrer ses leçons sur un concept qui en devient le fil directeur.

Côté élèves
Avoir la possibilité de porter un autre regard sur soi car si on a du mal, ce n’est pas parce qu’on est nul. On sait, mais on sait mal car des représentations (communes aux autres élèves) nous empêchent de comprendre. Pouvoir porter un autre regard sur l ́histoire et la géographie et prendre conscience de l’actualité de ces deux disciplines.

Changement 2
Proposer deux documents contradictoires

Côté enseignant
Créer une dynamique de cours elle-même générée par la confrontation des points de vue portés par les documents. Créer une situation qui fasse naître un questionnement chez les élèves.
Retrouver la place de celui qui maîtrise les savoirs disciplinaires et qui répond à des questions qui existent enfin dans les têtes des élèves. Former les élèves à l’esprit critique en l’exerçant.

Côté élèves
La confrontation des points de vue crée une motivation interne. Si les auteurs (témoins et spécialistes) ne sont pas tous d’accord entre eux, alors le point de vue de l’élève peut exister. De ces divergences vont enfin naître des questions. L’élève n’est plus en situation de recevoir passivement un savoir donné / reçu !

Changement 3
Une autre lecture du document – la mission

Côté enseignant
En finir avec le désarroi lié au fait que les élèves ne comprennent pas les questions, qu’ils les analysent de manière superficielle et que l’activité leur paraît rébarbative. Parmi les missions possibles : le récit historique. celui-ci produit par les élèves.
En finir avec les textes « traduits », réécrits, raccourcis et simplifiés à l’extrême du point de vue lexical et syntaxique.

Côté élèves
Ils lisent pour faire, pour remplir une mission qui consiste à écrire un récit, une lettre, à réaliser un dessin, ou bien encore écrire et jouer une saynète.
Les compétences de chacun sont utilisées, personne n’est laissé de côté.
Les élèves peuvent enfin lire des documents de première ou de seconde main.
Les élèves apprennent à lire, c’est-à-dire à lire et à relire, pour trouver réponses à des hypothèses. Ils sont motivés. Ils ne sont plus parasités par les questions de l’enseignant et ne se sentent plus figés dans une nécessité de devoir deviner l’interprétation du texte faite par l’enseignant (ou le manuel) ou bien son intention pédagogique

Changement 4
Travailler en groupes

Côté enseignant
Un parti pris : des groupes hétérogènes. la différence de compétences est un levier pour que la recherche soit riche, pour que les missions soient diverses.
Des obstacles à lever : la peur, la peur du bruit (le regard des collègues), la peur de ne pas maîtriser la dynamique des groupes, la peur d’un manque de rendement.
Des avantages : être près de ses élèves, prendre la mesure de ce qu’ils lisent, observer comment ils travaillent, comment ils comprennent les documents… bref les voir travailler.

Côté élèves
Un sentiment de sécurité.
Un autre rapport à l’enseignant qui devient celui qui aide (d’après les élèves) car il n’est plus centré sur ce qu’il dit ou doit dire mais sur le travail effectif des élèves. Pour mes élèves, l’avantage du travail en groupes :
– Aide, entraide : 38 %
– Avoir plus d’idées ensemble : 48 %
– Se concerter, justifier ses choix : 15 %

Changement 5
Évaluer le travail et pas les élèves

Côté enseignant
Préparer l’évaluation en même temps que l’on prépare la leçon.
Pratiquer trois types d’évaluation, à trois moments différents :
– Évaluer d’où partent les élèves, où ils arrivent et comment : une évaluation diagnostique et métacognitive ;
– Évaluer les processus des cognitifs des élèves : une évaluation formative ;
– Évaluer les connaissances des élèves mais si possible dans une situation didactique équivalente : une évaluation sommative.
Mise en place d’une feuille de route qui indique clairement quels sont les objectifs et quels sont les objets d’évaluation.

Côté élèves
Une dédramatisation de l’évaluation car les objets d’évaluation sont clairement définis et parce que le but est de progresser.
Une participation active à la préparation de l’évaluation.

Conclusion

Ces cinq changements mis bout-à-bout constituent les éléments essentiels d’une situation problème. On prend son temps pour transformer ses pratiques. On s’appuie sur ce qu’on réussit. Rien n’est à prendre ou à laisser.
Les enseignants et les élèves peuvent ainsi reprendre confiance en leurs capacités et cette réussite les aide mutuellement à aller plus loin.