Cette situation-problème est centrée sur le concept d’exploitation du territoire. Il est ici étudié sous l’angle de la satisfaction des besoins en eau. Mais une démarche géographique suppose qu’on ne se limite pas à une approche qui privilégie la lutte contre le gaspillage ou le cycle naturel de l’eau. Il n’y a pas coïncidence entre les lieux de consommation et de « production » de l’eau, il y a nécessité d’acheminer l’eau potable et il existe plusieurs acteurs qui ont des usages concurrents de l’eau.
- Concept de second ordre : exploiter un territoire
- Concept de premier ordre : développement durable
- Notions essentielles : les deux cycles de l’eau
Nous nous proposons de commencer le travail par le thème de l’eau puis nous posterons la suite à propos de l’énergie et, enfin, nous nous préoccuperons de la satisfaction des besoins alimentaires. L’accent semble être mis sur l’action « consommer ». Contrairement à ce qu’on pourrait penser la notion de « lieu habité » ne renvoie pas au domicile des élèves. Outre le manque de formation en géographie, beaucoup de collègues pourraient tenter de le penser poussés en cela par la propension à commencer tout travail par le « vécu » de l’élève.
1. Concepts et représentations des élèves
Consommer renvoie à un autre acte quotidien accompli dans le lieu habité afin de satisfaire des besoins individuels et collectifs. L’étude permet d’envisager d’autres usages de ce lieu, d’en continuer l’exploration des fonctions et des réseaux et de faire intervenir d’autres acteurs. Satisfaire les besoins en énergie, en eau et en produits alimentaires soulève des problèmes géographiques liés à la question des ressources et de leur gestion : production, approvisionnement, distribution, exploitation sont envisagés à partir de cas simples qui permettent de repérer la géographie souvent complexe de la trajectoire d’un produit lorsqu’il arrive chez le consommateur. Les deux sous-thèmes sont l’occasion, à partir d’études de cas, d’aborder des enjeux liés au développement durable des territoires. (Programme)
Les termes mis en corps gras renvoient à notre avis au travail de Brunet qui caratérise dans ce schéma les rapports que les sociétés entretiennent avec le territoire qu’elles habitent.

Brunet, R. (2017). Le déchiffrement du monde. Belin / Humensis, p. 23.
Il est évident que les élèves doivent prendre conscience que consommer est un élément du processus à exploiter un espace, à échanger les productions au sein de ce même espace et que ceci est un des éléments qui permet d’habiter un territoire.
Afin de faire émerger les représentations des élèves, nous proposons aux enseignants mode démarrer une discussion libre à partir d’un dessin de presse. Une partie des élèves s’attache à ce qualificatif « pure ».

Agence de l’eau Artois-Picardie
Mais l’eau est un bien particulier. Il est a priori un bien commun, gratuit (c’est le traitement de l’eau, son acheminement et sa distribution qui sont payants). C’est une ressource normalement inépuisable puisqu’il existe un cycle de l’eau que les élèves de CM ne connaissent pas. En réalité il s’agit de deux cycles. Le premier, naturel, sous-entend que toute goutte d’eau tombée d’un nuage retourne inéluctablement à la mer et sera évaporée et retournera au nuage… Le second, se nomme le cycle domestique, parfois petit cycle de l’eau et sous-entend que l’eau consommée sera rejetée, traitée et un jour ou l’autre consommée à nouveau. Ces deux cycles sont résumés sur ce schéma qui est à destination de l’enseignant.

2. Phase 1 : les deux cycles de l’eau
Nous nous proposons donc dans une première phase de diviser la classe en deux genres de groupes et de compléter les deux schémas ci-dessous.


Les conclusions que tirent les élèves sont multiples et diffèrent selon le document, mais elles se résument ainsi :
- l’eau est une ressource inépuisable ;
- l’eau est un bien qui peut être gaspillé contrairement à tout ce qu’on leur raconte;
- si l’eau est sale, polluée ce n’est pas si grave puisqu’on peut la nettoyer ;
- traiter l’eau coûte cher car beaucoup de monde y travaille.
Certains protestent. Un débat peut s’engager. Il est plus productif de renvoyer les élèves dans les groupes afin de rédiger leurs conclusions. L’enseignant doit pointer des éléments de connaissance : d’où vient l’eau du robinet ? Comment est-elle acheminée ? L’approvisionnement est-il menacé ?
Ceci fait, la phase 2 peut commencer.
3. Phase 2 : des usages concurrentiels
La phase 2 consiste à déranger le confort des élèves. Chaque groupe a en charge deux documents et doit remplir la mission suivante : après avoir examiné ces deux documents, vous devez proposer des solutions. Vous les présenterez sous la forme d’un texte en proposant des solutions et en les justifiant.








4. Socialisation et théorisation de la phase 2
Les élèves prennent conscience que la situation de l’eau est complexe. Cette ressource, a priori infinie, ne l’est pas nécessairement. Un développement durable suppose que l’utilisation de la ressource ne compromette ni sa quantité ni sa qualité et cette exigence est loin d’être évidente. Certes les ménages, c’est-à-dire les familles des élèves, doivent faire des efforts pour ne pas gaspiller ou polluer la ressource mais ce ne sont pas les seuls acteurs. Il existe de bien plus gros pollueurs ou consommateurs. Et le civisme tel qu’il est enseigné à l’école ou au collège ne doit pas tomber dans la culpabilisation pas plus qu’il ne doit mystifier les élèves. Rappelons que ce sont les ménages qui paient essentiellement la dépollution l’eau pour permettre aux agriculteurs de polluer et que ce sont ces mêmes ménages qui consomment de l’eau et des produits agricoles pollués. Dans certaines communes de France, on ne consomme pratiquement plus que de l’eau en bouteilles (plastiques).
5. Élargissement de la perspective : aperçu à l’échelle mondiale.

Bibliographie succincte
- Hellier, E. ; Carré, C. ; Dupont, N. ; Laurent, F. et Vaucelle, S. (2009). La France. Les ressources en eau. Usages, gestions et enjeux territoriaux, Armand Colin.
- Ghiotti, S. (2007). Les territoires de l’eau. Gestion et développement en France, CNRS Éditions.
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